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Le cadeau, message d’amour par excellence

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Nous aimons tous recevoir des cadeaux n’est-ce pas ? Quoi de plus enthousiasmant qu’un cadeau choisi avec soin et offert avec amour ? Un cadeau, cela peut être un présent mais aussi le cadeau de sa présence ! Il y a différentes façons de montrer son amour. Pour certains, les compliments sont aussi de vrais cadeaux. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de ce sujet car dans ma vie, les cadeaux ont été une souffre de souffrance. Avec une mère narcissique qui veut briller en toutes occasions, comment imaginer recevoir des marques d’affections ? Le cadeau est un don, un pas vers l’autre, de la réflexion… cela demande de faire un effort, d’aimer ! Mais ce n’est pas  toujours simple…

Le cadeau, un message d’amour

Certes, on est tous d’accord, le cadeau est un message d’amour. Mais d’amour pour qui ? Pour soi-même ou pour le bénéficiaire ? Tout dépend. C’est une question de centrage… Qui est le sujet aimé dans l’histoire ? Celui qui offre ou celui qui reçoit ? S’aimer soi-même, en soi, ce n’est pas une tare. Au contraire, c’est même une condition sine qua non pour aimer vraiment l’autre (« aime ton prochain comme toi-même »). Mais n’aimer que soi pose problème dans le domaine sphère fragile des relations.

Alors au rayon des pires cadeaux, je n’ai que l’embarras du choix dans ma boite à souvenirs.

En fait, pour faire simple, je n’ai pas souvenir d’un cadeau opportun ou qui m’ait fait plaisir. Manque de pot ! Les cadeaux sont à priori mon langage d’amour de prédilection. Alors, si le jour de son anniversaire est un jour « spécial », il l’est surtout pour moi parce qu’il a été si souvent marqué par la déception.

Gérer la déception d’un cadeau

Être déçu par un cadeau, cela arrive à tout un chacun. Être déçu par toute une série de cadeaux, c’est peut-être moins courant. Être déçu parce qu’on vous demande ce que vous désirez, et qu’on vous offre tout autre chose déroute. Être déçu parce qu’on vous offre quelque chose aux antipodes de vos centres d’intérêts interroge/questionne (exemple loufoque : une cave à cigare alors que vous ne fumez jamais !). Mais c’est encore plus douloureux quand, tout au long de l’année, on se sent « mal » aimée (si elle ne fait pas attention à moi, c’est la faute à…) et qu’on met alors de graaaandes espérances sur ce jour « spécial » (bah, au moins ce jour là, elle va être attentionnée avec moi, je vais me sentir importante, aimée… Ben non !)

L’anniversaire ou le jour du cadeau

L’anniversaire, ce jour hautement symbolique cristallise alors toutes les attentes accumulées. C’est LE jour où on attend avec impatience son cadeau. Si je ris (jaune) maintenant du souvenir de ses cadeaux inadéquats, cela continue néanmoins de mettre en exergue à quel point je me sentais peu aimée. La déception flagrante de ces présents exprime à quel point la mère – celle qui est censée la mieux connaitre son enfant et anticiper ses besoins – est en réalité si peu à son écoute, le connait si mal que ça en devient (douloureusement) ridicule.

Mais pour connaitre son enfant, encore eusse-t-il fallu qu’elle s’intéressa à lui. Or, son unique centre d’intérêt, c’est elle et sa petite personne. Donc retenez ceci : VOTRE anniversaire à vous, c’est l’occasion de briller pour ELLE. Elle ne vous offre pas non plus ce que vous aimez (pour cela, eusse t il fallu qu’elle sache ce que vous aimez. Qu’elle vous connaisse un peu.) Alors ne vous attendez pas à ce quelle vous offre quelque chose que vous aimez.

Le cadeau de la mère narcissique

La mère narcissique ne fait pas un cadeau parce qu’elle vous aime, mais (sélectionnez au choix la réponse qui vous parle) :

  • Parce que c’est ce qui se fait ! Et la narcissique veut toujours paraitre impeccable. Le regard des autres sur elle, c’est sa nourriture, et la peur du « qu’en dira t-on » domine bien souvent sa vie.
  • Vous offre le cadeau qu’elle aime, elle (vous n’êtes qu’un prolongement d’elle- même, ne l’oubliez pas ! Vous n’avez pas de rêves, de désirs propres, vous ne pouvez qu’embrasser les siens ! Vous êtes son objet, sa chose, son enfant phallique, vous n’existez pas pour vous-même, il n’y a pas de place pour ça dans sa vie)
  • Vous offre ce qui va lui permettre de se mettre en valeur, elle ! Ce cadeau grâce auquel elle va pouvoir briller devant tous (exposer ses talents, ses compétences, son savoir…) Et qu’importe si c’est en totale inadéquation avec vous, vos besoins, vos goûts… Le plus déconcertant est qu’elle ne s’en rend absolument pas compte, aveuglée par son propre éclat. Et si jamais vous osez l’évoquer prudemment… elle se met en colère, boude, et vous taxe d’ingratitude la plus totale. Fi ! (prendre le risque de ruiner son image soigneusement lustrée vous expose à de telles foudres que croyez-moi, si vous tentez une fois ou deux, plus jamais vous n’oserez !)
  • Se sert de son pouvoir (fric, relations…) juste pour se rehausser un peu plus, en vous écrasant davantage au passage (incapable, insignifiant, avorton que vous êtes… mais avec le sourire et magnanimité, le poison passe mieux) histoire vous rappelez que sans elle vous n’existez pas (elle est Dieu). Ma mère n’ayant ni fric, ni « relations », j’ai donc eu droit tout naturellement aux autres options.

 Un cadeau ou rien ?

Je me suis souvent demandé si finalement, je n’aurais pas préféré ne rien recevoir. Ce « rien » aurait été monstrueusement douloureux, d’autant plus qu’il aurait fallu le justifier le lendemain devant les copines dans la cour de récré (Alors qu’est-ce que tu as eu comme cadeau ? Euh…). Mais ce « rien » aurait au moins reflété la réalité de ce que je ressentais confusément. Les choses auraient été claires. Et j’aurais passé moins d’années dans la confusion. Plus violent certes, mais plus simple aussi.

 

Sauf que rien n’est simple avec une mère narcissique. Avec moult trompettes et ronds de jambe, elle affirme haut et fort faire grand cas de vous, mais les faits – en l’occurrence ici

le cadeau – vous envoie le message contraire. Il n’y a pas de congruence entre ses dires et sa réalité de vie. Il m’a fallu des années pour comprendre que la dualité était en elle et non en moi. J’ai si longtemps cru qu’elle était en moi et m’en culpabilisait. Me le reprochait sans cesse.

 

Quand on t’affirme avec certitude : si si le ciel est vert, alors que toi tu le vois bleu, et même bien bleu, c’est que l’un des deux a un problème. Sauf que c’est toi l’enfant, le dépendant. Et l’autre, l’adulte, le sachant. Alors ça ne peut être que toi qui a un problème de perception ! Parce que l’enfant croit l’adulte. Il croit toutes ces absurdités que le dit « adulte » lui fait gober et qui en abuse : de l’existence du Père Noël à la couronne d’ivoire de la petite souris, en passant par l’affirmation de son amour clamé haut et fort.

Pourquoi, pendant des années, à chaque Noël m’offrait-elle une petite boite de chocolat noirs alcoolisés en forme de bouteille ? Quel étrange cadeau, non ? Déjà que je détestais le chocolat noir (trop amer pour mon palais de petite fille). Quand à la pertinence de l’alcool, pour un enfant, je cherche encore… Alors pourquoi ?

Je suppose que – comme pour quantités d’autres cadeaux – c’était elle qui aimait ça. Ces mini-bouteilles de champagne, dans leur mini-caisse de livraison la faisait craquer probablement. Certaines années, elle nous faisait entourer dans le catalogue des jouets ce que nous aimions. Alors, pendant des jours (qui me paraissaient des mois), je rêvais à mon futur cadeau. Lequel, parmi tous ceux que j’avais cochés, allais-je avoir ? Mais mon incompréhension était tellement grande quand au pied du sapin ne se trouvait AUCUN des jouets que j’avais entouré. Quel mauvais tour me joue-t-on là ? De naïveté, chaque année, j’espérais qu’il restat un cadeau que je n’avais pas vu, caché derrière le sapin ou le fauteuil… Surprise ! Il était là ! Ma mère me taquinait en fait. Et en l’ouvrant, j’y aurait finalement découvert l’objet de mon cœur. Mais non. Pour ma part, je n’avais jamais un des seuls cadeaux que j’avais entouré. Pourquoi alors nous faire y croire ? Me laisser rêver ? Espérer ? Un mystère que je n’ai jamais élucidé.

Moi je révais juste qu’un jour elle m’offre ce landeau bleu marine pour mon poupon, ou cette poupée à robe de dentelle rose, des livres du club des 5, des paillettes ou encore cette dinette en porcelaine, puis plus tard, une simple paire de jeans, des livres encore mais plus le club des 5, des boucles d’oreilles, un disque (un tube de mascara, c’est possible ?). Ce n’était pas très difficile une ado. Meuh non. C’eut été trop facile.

Au rayon du pire cadeau

Alors, en plus de la boite de chocolats noirs alcoolisés, je vous cite en vrac ce que j’ai eu au fil des années :

– un napperon fait main par elle (ô sublime jubilation) qu’elle s’empressait d’exhiber dès qu’un visiteur venait pour en récolter les louanges,

– un coffre de pirate en métal (euh… m’a-t-elle confondu avec mon frère ?)

– un dessus de lit crocheté par ses bons soins (Pitié, que ça faisait mèmère sur mon lit !) qu’elle n’exhibait pas. Trop compliqué. Trop grand. Il était plus simple de se vanter du mer-veil-leux cadeau qu’elle m’avait fait et d’emmener directement le-dit visiteur dans ma chambre pour contempler son œuvre à son aise.

– Une jacinthe bleue en pot (je cherche encore, des années après, la symbolique, le message subliminal caché ?).

– une tasse à café (je n’ai pourtant jamais bu une seule goutte de café de toute ma vie)

– une serviette de toilette (trop petite pour servir de serviette de douche)

– des chardons à la liqueur (encore des chocolats alcoolisés ? Décidément, c’était une manie chez elle ! Des Kinders eussent été plus adéquat pour un enfant. Ah mais non ! c’est vrai…j’oubliais : elle n’aimait pas les Kinders, elle ! Tandis que les chardons à la liqueur, si !)

– Des pulls pure laine ou quasi, 100% démodés, MAIS tricotés de son auguste main ! Super cadeau… (Ouille ça pique. Mais non, ça ne pique pas ! Si, ça me pique. Oh la la, ce que tu peux être chochotte ! Je passe des heures à te tricoter ça, et toi c’est comme ça que tu me remercies ? Pardon maman. Merci maman pour ce joli pull en laine que tu m’as tricoté. Smack. Bisou obligatoire sur la joue tendue.) C’est qu’on n’avait pas beaucoup d’argent chez nous, mais on était créatif !

Mais le pompon… le pire du pire cadeau qui m’a fait pâlir, verdir, jaunir quand j’ai ouvert l’emballage, du haut de mes 12 ans et qui depuis ce jour, m’a fait détesté tous mes anniversaires : une réplique de Bugs Bunny orange tricoté main ! Elle ne cherchait jamais à savoir si ses cadeaux me rendait heureuse. Mais elle attendait le compliment, l’extase devant son œuvre. Il a fallu me composer un air faussement enjoué pour la contenter « Merci Maman… bisou… smack. ». Moi qui rêvait d’une simple paire de jeans, de boucles d’oreilles, d’albums de musique ou de livres… Un cadeau d’ado quoi ! Aurais-je pu avoir pire que ce lapin ? Mon frère, à je ne sais plus quel âge, a eu droit à un extraordinaire crocodile vert ET orange, grandeur nature, entièrement crocheté main !  (Tiens, ça me fait penser qu’il faudra que je demande à mon frère sa liste de pires cadeaux… Histoire qu’on se marre un peu !)

Le cadeau, symbole de honte

Le lendemain, devant les copines du collège : Alors qu’est-ce que tu as eu comme cadeau ? Euh… comment dire… ?… J’ai menti. J’ai menti pour couvrir la honte d’avoir une

mère aussi dysfonctionnelle. J’ai menti pour couvrir la honte d’être aussi peu aimée (et donc si peu digne d’amour). J’ai menti. Je me suis inventé un cadeau : le dernier disque de la pop star du moment. A un moment, trop de honte, ça devient indicible. La honte ne tue pas. Mais elle encombre quand même sacrément une enfance.

That’s all, folks ! Et vous, vous avez été logés à la même enseigne ?

 

PS : Au rayon des pires cadeaux d’anniversaire, je ne peux résister au plaisir de vous en citer un dernier pour la route : un paillasson. Ce n’était pas ma mère cette fois-ci, mais ma belle-mère ! Décidément, s’il y en a qui n’ont pas une tête à chapeaux, moi je ne dois pas avoir une tête à cadeaux !